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Ce blog est au service de la pédiatrie de première ligne. Il est ouvert à ceux et celles qui veulent la préserver.

mercredi 10 juin 2020


Quelle  réforme fiscale ?

L’impôt sur la fortune brandi sous des formes diverses par le PTB est  vu comme électoralement rentable, mais il s'agit d'un impôt sur les fortunés. Il   ne pourra jamais être qu'un coup d'épingle faute de quoi ils partiront. On peut y voir une version timide et peu adroite   de l'impôt sur le capital qui avait la faveur de nombre d'économistes libéraux, désireux de s'attaquer à l'imposition contre-productive et anti-sociale du travail.

La proposition la plus élaborée est  celle de Maurice Allais, prix de la Banque de Suède en 1988 (le "Nobel économique"), qui voulait une taxation forfaitaire annuelle de 2 % du seul capital physique (terrains, bâtiments, équipements, et stocks). Ces avoirs sont difficiles ou impossibles à délocaliser, dissimuler ou sous-estimer,  ce qui garantit l'impôt. On résout le problème posé par ces grandes entreprises qui parviennent   à échapper à toute imposition.  La taxe  est anonyme, sur des biens, utilisés ou non,  loués ou possédés par ceux qui en disposent. Un utilisateur efficace gagnera de l'argent, inefficace il en perdra et sera incité à vendre à un opérateur plus performant. Allais estimait son système favorable au dynamisme économique, dissuasif de la détention de biens improductifs, du gaspillage de ressources ou de capital et de la spéculation. On  traite  ceux qui détiennent un  capital  en  locataires d’un bien public.

Le précompte immobilier est une version partielle de cet impôt sur le capital. On taxe forfaitairement le bien pour ne pas imposer les loyers. En revanche il est payé avec de l'argent déjà taxé, c'est une double taxation. Si on était  rigoureux et cohérent, il serait  déductible du revenu imposable.  En effet une taxation du  capital n'exclut pas d'imposer le revenu des particuliers à l’IPP (impôt des personnes physiques)  mais si on veut   taxer équitablement les revenus de la propriété, y compris les plus values réalisées,  on remplacerait  ce dernier par la taxation du train de vie (« expenditure tax »), telle que proposée par James Meade (prix de la Banque de Suède 1977).

Le principe est simple :  toutes les rentrées d'argent sont globalisées pour former la base imposable y compris les dividendes, loyers perçus, salaires, honoraires, produits des ventes, et même les emprunts et remboursements. En revanche ce qui est soustrait à la consommation, comme  l’épargne et l’investissement,  y compris   l'achat d'un capital mobilier ou immobilier, mais aussi les frais d’entretien et la taxe payée sur ce capital, tout cela est déduit  de  cette base  imposable.

https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Meade_(économiste)

L’idée de Meade a plusieurs  avantages.  Elle abaisse le seuil de revenus en dessous duquel il est impossible d’épargner, favorise l’accès à la propriété immobilière et mobilière, et  par ce biais  encourage l’esprit d’entreprise et facilite  l’initiative privée.  L’épargne et l’investissement, fiscalement déductibles, seront facilement  déclarés, et un registre des actifs économiques se constituera,   peu propice à l’évasion  de  capitaux  vers des paradis fiscaux.

Le  but de toute activité économique  étant la consommation, c’est elle qu’on taxe,   à l’impôt progressif. On traite  l’épargne et l’investissement comme une consommation différée, soumise tôt ou tard  à cette imposition  ou  aux droits de succession. 

Les revenus de la propriété sont  imposés  équitablement, selon le train de vie que le contribuable aura librement choisi, en fonction de ses moyens. Le système tient compte des plus-values et des pertes et évite le piège  dans lequel  tombe le précompte mobilier quand il   taxe  un  revenu nominal, partiellement ou totalement   fictif  puisqu’il ignore  l’inflation. 

Meade avait lui-même   émis des doutes sur la faisabilité  de  sa proposition,   qui remonte à l’après-guerre, mais l’informatique permet de surmonter  cette hésitation.

*   *   *
La lourdeur  des  prélèvements sur les salaires (cotisation patronale, salariale, précompte professionnel) dissuade  les embauches, encourage  les licenciements,  incite  à remplacer  le travail  par du capital.  D’autant plus que  les entreprises déduisent les investissements de leur  bénéfice imposable. Un impôt sur le capital  réduit  cette tentation. Il répond aussi  aux propositions de taxer à part  l’outil informatique  perçu comme menace sur l’emploi, un impôt  discutable et  peu favorable au télétravail, contrairement à un impôt sur le capital  valorisant  la réduction des locaux occupés.

Pour l’entreprise, l’impôt sur le capital   une fois payé, ce qui reste des bénéfices (réinvestissements, dividendes, salaires)  pourrait   être  défiscalisé.  Le plus possible et c’est  le but.  Réduire  la différence entre le salaire brut et le salaire net diminue  le coût du travail.   En revanche  quand  ce qui est réinvesti  renforce le capital, sa taxation augmente.

Maurice Allais  voulait se servir de l’impôt sur le capital pour  abolir complètement l’imposition du  travail,  c'est-à-dire la taxation des  bénéfices des entreprises mais aussi l’impôt sur le revenu des particuliers.  Il avait montré que ce serait possible si l’Etat récupérait les bénéfices de la  création de la monnaie par le crédit, abandonnés à des banques privées.  L’euro et  le rachat de titres des dettes publiques par la Banque centrale européenne ont changé la donne, mais  une autre idée est en train de surgir  pour financer l’Etat : la micro-taxe. 

Il s’agirait d’un prélèvement minime de 0.5 %, indolore pour les particuliers, sur chaque transaction électronique.  Les frais de perception seraient insignifiants,  une adaptation du logiciel des banques suffirait. 

Ses partisans soutiennent que le  volume  annuel  des  échanges  est si important,  au moins  cinquante à cent fois le PIB que le rendement de la  taxe  permettrait de remplacer tous les impôts actuels  et de financer   un revenu de base  pour les résidents légaux,  afin de combattre la pauvreté et  renforcer ou  compléter  la Sécurité sociale.

L’idée est intéressante  mais  demande à  être nuancée. L’appartenance à l’UE empêche d’abolir la TVA. On pourra la réduire mais pas la supprimer et cet impôt  joue un rôle  dans la préservation du tissu industriel : il frappe   les importations en épargnant  les exportations.  Ensuite,  si on introduit  un revenu universel,  on voit mal comment renoncer à un impôt  progressif permettant de le récupérer chez ceux qui n’en ont nul besoin.  Enfin, si le volume des transactions électroniques est si élevé,  c’est en raison d’échanges spéculatifs déconnectés de l’économie réelle, y compris le « trading à haute vitesse » .

Une taxe sur des transactions de ce type deviendrait vite impayable. Le secteur financier s’adaptera, en les réduisant ou en les transférant hors d’atteinte du fisc. Au total le rendement de la taxe sera moindre qu’espéré, même s’il autorise une réduction substantielle de l’impôt sur le revenu, excessif en Belgique et d’abord pour relever un seuil de taxation qui frôle  le minimum vital. Plus fondamentalement une micro-taxe sur les transactions électroniques opérerait un transfert fiscal, un     « tax shift » aux dépens du secteur financier et au bénéfice des particuliers.

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Baudouin Petit
8-06-2020

PRESENTATION

La pédiatrie du premier échelon est menacée. Elle se trouve clairement en situation délicate, sinon en crise.

Faut-il rappeler que les pédiatres sont par excellence les premiers médecins de l'enfant ?

Une formation spécifique les prépare, soutenue par un recyclage exigeant, complétée par l'expérience, essentielle à une médecine performante.

Ils ont des raisons de s'inquiéter quand le dossier médical global (DMG) est réservé aux généralistes, comme les subventions aux médecins informatisés, ou quand la presse cesse de publier les noms et numéros de téléphone des pédiatres de garde.

Quand le week-end, on parcourt certains journaux toutes boîtes, on y trouve plus facilement un vétérinaire qu'un pédiatre.

Et en salle d'urgence, où il n'est pas rare que l'attente atteigne plusieurs heures, on n'appelle pas toujours le pédiatre que les parents demandent.

Tout cela témoigne d'une évolution des mentalités, et de réglementations qui peu à peu tendent à priver la majorité des enfants d'une médecine mieux adaptée à leurs besoins.

* * *

Pour quelles raisons ? Il existe en Belgique un courant favorable à un échelonnement excluant les pédiatres de la première ligne des soins, alors que d’autres nations comme la France ou les Etats-Unis considèrent comme une évidence qu’ils y ont leur place.

L'insatisfaction des patients néerlandais ou britanniques, le coût budgétaire, social ou simplement humain de ces contraintes ne freinent pas leurs partisans et ne suffiront sans doute pas à les arrêter.

Les généralistes et les pédiatres, mais aussi les gynécologues, les internistes et à un degré moindre d’autres spécialistes ont tous à des titres divers un rôle à jouer au premier rang des soins.

La collaboration et l'échange d'informations entre médecins répondent à une exigence de continuité des traitements, de cohérence, d'efficacité et de maîtrise des coûts.

Pour y arriver nous avons besoin de réseaux informatisés, souples, évolutifs, ouverts sur la diversité et la complexité des situations. Un échelonnement figé imaginant la médecine comme une pyramide régie par des rapports autoritaires nous projetterait dans une époque révolue.

Ne pas le voir, c’est confondre rigueur et raideur, céder à des chimères qui risquent de déboucher, non sur une rationalité plus grande, mais sur le rationnement, la pénurie, les listes d’attente, le refus de soins et finalement une médecine à deux vitesses.

Car si on en a les moyens, on échappe plus facilement à ces inconvénients. Et on doit s'alarmer devant des signes qui ne trompent pas. Ainsi les témoignages s'accordent pour déplorer la dégradation du nursing hospitalier. Le dévouement du personnel ne suffit plus à compenser les normes insuffisantes, les horaires surchargés, les salaires inférieurs à ceux des pays voisins, ni à empêcher une crise majeure de recrutement.

* * *

Dans notre pays, on admet comme principes intangibles du service au patient, la facilité d'accès aux meilleurs soins possibles - y compris pour les moins favorisés - et la liberté de choisir son médecin - y compris le droit d'en consulter un autre ou d'en changer.

C'est un acquis de civilisation dont nous pouvons être fiers. Il est encore rare dans le monde d'aujourd'hui.

Mais pour les enfants, qu'en reste-t-il, quand les pédiatres sont systématiquement écartés du premier rang de la médecine ?

A la faveur d'un numerus clausus dont les choix n'ont pas été discutés comme ils auraient pu l'être, une pénurie de pédiatres (et d'autres spécialistes) s'est installée.

Elle pèse aujourd'hui sur la pédiatrie hospitalière, mais menace davantage la pédiatrie "de ville" qui risque la disparition pure et simple.

Il est de notre devoir, pour nos patients, pour nos confrères généralistes et spécialistes de dénoncer cette marginalisation de la pédiatrie.

Comment ne pas y voir une régression médicale et sociale, sans doute responsable d'un surcoût ? Reste à le chiffrer.

Car si les pédiatres sont spécialement formés à la médecine des enfants, cette formation, porteuse d'une prévention attentive, d'interventions précoces, d'examens complémentaires ciblés et de traitements efficaces se justifie aussi par sa rentabilité.

Et s'il faut une étude pour le confirmer, les données recueillies par l'Inami sont une mine d'informations à explorer...