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Ce blog est au service de la pédiatrie de première ligne. Il est ouvert à ceux et celles qui veulent la préserver.

dimanche 6 avril 2008

Dr D. - erreur de jugement n'est pas homicide

Voilà un médecin qui ignorait les complications cardiaques de la varicelle, ou n’y a pas pensé, compte tenu de la faible fréquence de la maladie chez l'adulte, et de la rareté de cette complication.

On peut regretter que sa patiente n’ait pas été vaccinée. Mais le vaccin n'est conseillé - dès l'âge de 14 mois - que dans certains pays, notre Conseil supérieur de l’hygiène ne le préconise pas et seule une minorité de pédiatres belges l'administrent systématiquement.

Accuser un généraliste de négligence sur ce point, pour une patiente de 22 ans aurait paru pour le moins excessif.

En revanche, on peut reprocher à un médecin de n'avoir pas pris au sérieux des plaintes organiques de plus en plus nettes d’une patiente de plus en plus inquiète. A posteriori il est difficile de ne pas conclure à l'erreur de jugement.

Mais la condamnation prononcée : « homicide par imprudence » n’en est pas moins très contestable.

Sans doute, le juge a pu estimer que le prévenu avait manqué de prudence.

Surtout la patiente est malheureusement décédée, mais un homicide, c'est le fait de tuer quelqu'un. Or ce qui l'a tuée, c'est un virus, pas le médecin.

On aurait pu accuser ce dernier de défaut d’assistance, on pouvait s’interroger sur la sûreté de son jugement. Mais une condamnation pour homicide par imprudence se justifie-t-elle ?

Il est vrai, si le médecin n'a pas d’obligation de résultat, qu’il a un devoir de respect des procédures et précautions minimales ; il doit pour cela être compétent et réagir correctement devant les symptômes du malade venu le consulter.

Pour autant, l’erreur de jugement, la faute ou la négligence, même suivies d'un décès ne sont pas assimilables à un homicide. Il faut que sans le moindre doute on puisse leur attribuer le décès. Or qui peut affirmer que la jeune femme aurait survécu si son médecin généraliste avait mieux perçu le danger qui la menaçait ?

La plupart des myocardites virales ne demandent pas d’autre traitement que le repos. Par contre, la solution pour les plus graves est la transplantation cardiaque et il faut un cœur disponible.

Il s’agissait de toute évidence d’un cas gravissime.

Pour qualifier le comportement du médecin, il faut donc aussi poser la question : aurait-on pu sauver cette jeune femme ? Le juge a répondu par l'affirmative, mais sans pouvoir en être certain.

Or l'accusé est présumé innocent et le doute doit lui profiter. Ce qui ne signifie pas qu'il est au dessus de toute critique mais qu'une condamnation pour homicide n'est ni appropriée, ni convaincante.

jeudi 3 avril 2008

cotation des médecins sur internet

Je trouve amusantes les réactions offusquées des officiels de la profession à la cotation des médecins selon la satisfaction des patients (site : www.demedica.com). Ainsi, renseigner sur notre capacité d'écoute ou d'explication, notre disponibilité, notre ponctualité, la propreté de nos cabinets serait offensant ou scandaleux ? La médecine c'est bien plus que cela ? Bien sûr mais c'est aussi cela.

Il paraît difficile de soutenir que le public a droit à une information complète sur les performances des écoles, la qualité des garagistes, ou des produits d'entretien mais qu'il n'a pas besoin de s'informer sur nous. Car les moyens dont les patients disposent pour choisir un médecin sont-ils vraiment au dessus de tout soupçon ? Ne sont-ils pas extraordinairement subjectifs et peu fiables ?

Ce qui pose un problème auquel la profession médicale ne semble pas prêter beaucoup d'attention. Pourtant notre déontologie est claire : « Le médecin doit respecter le droit que possède toute personne de choisir librement son médecin. Il doit lui faciliter l'exercice de ce droit » (article 6 du code de déontologie français). Prenons-nous vraiment cette exigence au sérieux ? Que signifie le droit de choisir sans possibilité réelle de s'informer ?

PRESENTATION

La pédiatrie du premier échelon est menacée. Elle se trouve clairement en situation délicate, sinon en crise.

Faut-il rappeler que les pédiatres sont par excellence les premiers médecins de l'enfant ?

Une formation spécifique les prépare, soutenue par un recyclage exigeant, complétée par l'expérience, essentielle à une médecine performante.

Ils ont des raisons de s'inquiéter quand le dossier médical global (DMG) est réservé aux généralistes, comme les subventions aux médecins informatisés, ou quand la presse cesse de publier les noms et numéros de téléphone des pédiatres de garde.

Quand le week-end, on parcourt certains journaux toutes boîtes, on y trouve plus facilement un vétérinaire qu'un pédiatre.

Et en salle d'urgence, où il n'est pas rare que l'attente atteigne plusieurs heures, on n'appelle pas toujours le pédiatre que les parents demandent.

Tout cela témoigne d'une évolution des mentalités, et de réglementations qui peu à peu tendent à priver la majorité des enfants d'une médecine mieux adaptée à leurs besoins.

* * *

Pour quelles raisons ? Il existe en Belgique un courant favorable à un échelonnement excluant les pédiatres de la première ligne des soins, alors que d’autres nations comme la France ou les Etats-Unis considèrent comme une évidence qu’ils y ont leur place.

L'insatisfaction des patients néerlandais ou britanniques, le coût budgétaire, social ou simplement humain de ces contraintes ne freinent pas leurs partisans et ne suffiront sans doute pas à les arrêter.

Les généralistes et les pédiatres, mais aussi les gynécologues, les internistes et à un degré moindre d’autres spécialistes ont tous à des titres divers un rôle à jouer au premier rang des soins.

La collaboration et l'échange d'informations entre médecins répondent à une exigence de continuité des traitements, de cohérence, d'efficacité et de maîtrise des coûts.

Pour y arriver nous avons besoin de réseaux informatisés, souples, évolutifs, ouverts sur la diversité et la complexité des situations. Un échelonnement figé imaginant la médecine comme une pyramide régie par des rapports autoritaires nous projetterait dans une époque révolue.

Ne pas le voir, c’est confondre rigueur et raideur, céder à des chimères qui risquent de déboucher, non sur une rationalité plus grande, mais sur le rationnement, la pénurie, les listes d’attente, le refus de soins et finalement une médecine à deux vitesses.

Car si on en a les moyens, on échappe plus facilement à ces inconvénients. Et on doit s'alarmer devant des signes qui ne trompent pas. Ainsi les témoignages s'accordent pour déplorer la dégradation du nursing hospitalier. Le dévouement du personnel ne suffit plus à compenser les normes insuffisantes, les horaires surchargés, les salaires inférieurs à ceux des pays voisins, ni à empêcher une crise majeure de recrutement.

* * *

Dans notre pays, on admet comme principes intangibles du service au patient, la facilité d'accès aux meilleurs soins possibles - y compris pour les moins favorisés - et la liberté de choisir son médecin - y compris le droit d'en consulter un autre ou d'en changer.

C'est un acquis de civilisation dont nous pouvons être fiers. Il est encore rare dans le monde d'aujourd'hui.

Mais pour les enfants, qu'en reste-t-il, quand les pédiatres sont systématiquement écartés du premier rang de la médecine ?

A la faveur d'un numerus clausus dont les choix n'ont pas été discutés comme ils auraient pu l'être, une pénurie de pédiatres (et d'autres spécialistes) s'est installée.

Elle pèse aujourd'hui sur la pédiatrie hospitalière, mais menace davantage la pédiatrie "de ville" qui risque la disparition pure et simple.

Il est de notre devoir, pour nos patients, pour nos confrères généralistes et spécialistes de dénoncer cette marginalisation de la pédiatrie.

Comment ne pas y voir une régression médicale et sociale, sans doute responsable d'un surcoût ? Reste à le chiffrer.

Car si les pédiatres sont spécialement formés à la médecine des enfants, cette formation, porteuse d'une prévention attentive, d'interventions précoces, d'examens complémentaires ciblés et de traitements efficaces se justifie aussi par sa rentabilité.

Et s'il faut une étude pour le confirmer, les données recueillies par l'Inami sont une mine d'informations à explorer...