Voilà un médecin qui ignorait les complications cardiaques de la varicelle, ou n’y a pas pensé, compte tenu de la faible fréquence de la maladie chez l'adulte, et de la rareté de cette complication.
On peut regretter que sa patiente n’ait pas été vaccinée. Mais le vaccin n'est conseillé - dès l'âge de 14 mois - que dans certains pays, notre Conseil supérieur de l’hygiène ne le préconise pas et seule une minorité de pédiatres belges l'administrent systématiquement.
Accuser un généraliste de négligence sur ce point, pour une patiente de 22 ans aurait paru pour le moins excessif.
En revanche, on peut reprocher à un médecin de n'avoir pas pris au sérieux des plaintes organiques de plus en plus nettes d’une patiente de plus en plus inquiète. A posteriori il est difficile de ne pas conclure à l'erreur de jugement.
Mais la condamnation prononcée : « homicide par imprudence » n’en est pas moins très contestable.
Sans doute, le juge a pu estimer que le prévenu avait manqué de prudence.
Surtout la patiente est malheureusement décédée, mais un homicide, c'est le fait de tuer quelqu'un. Or ce qui l'a tuée, c'est un virus, pas le médecin.
On aurait pu accuser ce dernier de défaut d’assistance, on pouvait s’interroger sur la sûreté de son jugement. Mais une condamnation pour homicide par imprudence se justifie-t-elle ?
Il est vrai, si le médecin n'a pas d’obligation de résultat, qu’il a un devoir de respect des procédures et précautions minimales ; il doit pour cela être compétent et réagir correctement devant les symptômes du malade venu le consulter.
Pour autant, l’erreur de jugement, la faute ou la négligence, même suivies d'un décès ne sont pas assimilables à un homicide. Il faut que sans le moindre doute on puisse leur attribuer le décès. Or qui peut affirmer que la jeune femme aurait survécu si son médecin généraliste avait mieux perçu le danger qui la menaçait ?
La plupart des myocardites virales ne demandent pas d’autre traitement que le repos. Par contre, la solution pour les plus graves est la transplantation cardiaque et il faut un cœur disponible.
Il s’agissait de toute évidence d’un cas gravissime.
Pour qualifier le comportement du médecin, il faut donc aussi poser la question : aurait-on pu sauver cette jeune femme ? Le juge a répondu par l'affirmative, mais sans pouvoir en être certain.
Or l'accusé est présumé innocent et le doute doit lui profiter. Ce qui ne signifie pas qu'il est au dessus de toute critique mais qu'une condamnation pour homicide n'est ni appropriée, ni convaincante.
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